vendredi 27 février 2015

Orgueil et vanité

Oh! Salutaire délivrance morbide!
Objectif final pour tous les corps rigides.
Obligatoire étape de chaque vie toujours,
Sanctuaire terminal de tous les parcours.

Oui, vanité, tout n'est que vanité.

Jardin délicieux de l'immobilité,
Dentelles de cristal, douce fragilité,
Tendre endroit retiré du monde décharné,
Retraite paisible, objet d'éternité.

Oh vanité, toujours la vanité...

Quand le corps ne sera plus que viande pourrie,
Lorsque les os ratatinés, cassants et frêles, 
S'émietteront et dans le vent seront enfuis,
Il n'y a rien qui ne soit voué à l'oubli.

Ah vanité, honteuse vanité.

Faible humanité, vers l'éternité tournée,
Les yeux aveuglés de rêves démesurés,
Quand toujours s'égraine le chapelet du temps,
Qui peu à peu t'emmène vers la tombe pourtant.

Ah vanité... Terrible vanité.

Tu t'effondreras, boitillant et doux vieillard,
Les yeux écarquillés, effroyable regard,
A jamais suppliant, pour toujours implorant...
Une futile et vaine vanité. 

[A mon Retour, sombre, chaotique, caustique, sarcastique, 
A la Beauté toujours, absolue, effroyable, cruelle,
A la Nature enfin, qui aura raison de tout.]

dimanche 8 juin 2014

Trois nouvelles orchidées sauvages.

               Bonjour à tous, juin déjà! Plus qu'une quinzaine de jours et les dernières orchidées du Vaucluse seront grillées par le soleil. Il faudra alors migrer vers les Alpes pour croiser celles que nous voyions ici en Avril.

Voici Himantoglossum hircinium, dit vulgairement Orchis bouc.
C'est une très grande plante à l'inflorescence dense, labelle extrêmement long et mince. Je l'ai trouvé fin mai, vers Collias, dans le Gard. C'est une orchidée très commune sans protection particulière. Malgré tout, c'est la première de cette espèce que je croise. 


             Voici maintenant une petite Ophrys, dénichée en fin de floraison aux alentours de Lacoste, début Juin. Il s'agit d'Ophrys apifera, c'est à dire l'Ophrys abeille. Le labelle est de très petite taille, tout juste 4mm, avec deux petites pointes l'encadrant. Il poussait à basse altitude, sous les bois de chênes pubescents/blancs. Il est lui aussi considéré comme très commun et sans protection.
Je le trouve en tout cas ravissant.


                
             Et voilà enfin la dernière orchidée, que j'ai bien failli ne pas identifier comme étant une orchidée! Elle était mêlée à un grand nombre de fleurs sauvages, et la population d'orchidée de cette espèce était assez importante. Cependant, elle me fit penser, malgré sa taille modeste (une quinzaine de cm de haut et des fleurs petitounes) à Cephalanthera damasonium (Céphalanthère à grandes fleurs) dont les fleurs sont blanches. J'ai donc vérifié: il s'agit de Cephalanthera rubra (Céphalanthère rouge). Elle est toute mignonnette même si la photo ne permet pas de l'apprécier à sa juste valeur.


vendredi 9 mai 2014

Limodorum abortivum

               Cette espèce fleurit dans le Vaucluse après les floraisons d'Himantoglossum robertianum et d'Orchis purpurea, c'est à dire dans la seconde quinzaine d'Avril. On peut observer ses larges hampes violacées croitre durant cette période de transition: elles atteignent sans mal une cinquantaine de centimètres de haut, ce qui en fait une des plus grandes orchidées de la région.
          On la trouve dans les collines calcaires, plutôt dans les zones ombragées, sous les chênes. Il arrive cependant de la trouver au milieu des gravières, arides et brulantes.




 

 

dimanche 27 avril 2014

Orchis purpurea et Ophrys lupercalis.

               Un petit article, juste pour mettre quelques photos prises il y a quelques temps déjà.  
               
               D'une part, des Orchis purpurea rencontrés dans la colline de Caumont Sur Durance, bien cachés sous des genévriers denses. Il y en a bien une vingtaine, réunis là sur peut-être 3m². Vous pouvez les cherchez partout ailleurs dans la colline, je ne pense pas que vous en trouviez guère.
               Ils ressemblent de loin à la classique et précoce Himantoglossum robertianum, mais ne vous y fiez pas, de prêt, avec son casque et son labelle en forme de petit personnage, parsemé de poils pourpres, elle n'a plus rien à voir.




Voici maintenant Ophrys lupercalis, jamais rencontré encore pour moi. Il se trouve lui, du côté de Fontaine de Vaucluse, sur le parcours de la randonnée des Cabanes. Il n'était par contre pas encore tout à fait ouvert, et c'est le seul exemplaire que j'y ai vu.



                     

mardi 25 mars 2014

Qu'on le tue! Qu'on le tue!

Monstre! Monstre!
Sortilège...Envoutement...Pas à pas, pas à pas, hypnotisation:
Serpent! Dragon!
 
Méfiance. Sourire, apaisement...
Oubli.
Faiblesse...
Pieds et poings liés! Danger!
 
Effroi! Panique!
Bas les pattes! Bas les pattes!
A distance! A distance, abomination!
Craintes insurmontables, dégénérée!
A distance, monstre! Abomination! Démon!
Qu'on nous le cache! Qu'on l'éloigne! Qu'on l'enferme!
Dans un donjon!
Qu'il y crève!

dimanche 23 mars 2014

Ophrys passionis et monstruosité.

      Petite pluie de Mars, odorant révélateur, en un samedi de grâce, puissant émancipateur. Nous allâmes nous promenant en des calcaires lunaires, l'horizon couleur lavande et le cœur en bandoulière.
 
Ils étaient là, comme annoncés, partout, ici à mes pieds, là-bas où mon regard portait, dans les recoins des rochers, au sein des garrigues arides, à l'orée des chênes verts.
Avec ce doux hiver, pluvieux et tendre, cajoleur, ils se sont épanouis avec une quinzaine d'avance, et foulent le sol en armée.
 
 
Déambulant par monts, par vaux, je partis à leur rencontre en faisant fi des sentiers, barrières de l'esprit qui entravent nos pas soumis.
 
Ophrys passionis s'offrit à moi. Dorénavant, je vous l'offre.
On le différencie d'Ophrys aranifera par une couleur du champ basal identique à celle du labelle.
 

 Au sein de ces troupes d'insectes fantasmagoriques, une étrangeté jamais vu auparavant. Un Ophrys, à l'évidence, mais jamais encore rencontré pour moi.
 
 
De retour chez moi, je fouillais en toute hâte dans mon livre, ami fidèle et dévoué toujours prêt à me renseigner. Mais là, que nenni, il resta sourd à mes imprécations et demeura coi.
Frustrée, je doutai de ses qualités et le décrétai faillible.
Mais Internet ne m'aida nullement. J'y fouillais des listes et des listes d'Ophrys, sans succès aucun.
 
J'envoyai alors quelques mails, tels des bouteilles lancées à la mer, dont je reçus la précieuse réponse aujourd'hui: ce spécimen est un lusus d'Ophrys passionis, c'est à dire qu'il s'agit d'une forme dégradée de cette espèce, un monstre.
Le labelle, pétale transformé et ornementé chez les Orchidées, a régressé pour redevenir un pétale commun. On observe parfois des lusus où ce sont les pétales qui deviennent des labelles. Chaque espèce peut posséder des lusus très variés, des cas uniques et étonnants.
 
 
Les Orchidées sont des bestioles extraordinaires qui n'ont pas fini de nous surprendre, à nous qui partons à leur découverte.

jeudi 20 février 2014

Hommage.

Pacifique.
Bleu horizon au large.
Les vagues s'écrasent, violentes, sur le rivage.
Ici pas de naufrage, seulement des petons de passage, nus sur les grains de sable brumeux, des rires suaves pour entourage et le reflux vaseux des coquillages.
Le vent.


Babylone règne alentour mais la langue des sens est universelle: fleur de sel, fêlure du cœur.
Les vagues affluent, musique sauvage, telles des larmes naturelles intarissables...


Elle est là assise sur la plage, son visage est loin, sa venue un mystère. Son aura dit traversées, son visage transperce l'air, si jeune et si vieux à la fois. Elle est belle de sa triste sagesse, sage des épreuves de la vie.

Mes membres aussi sont un peu lasses, de toute la marche accomplie, des chemins que j'ai croisés, des dangers que j'ai fuis et puisque nous sommes seuls ici, seuls au sein de cette cacophonie bouleversante, créons une bulle d'harmonie, pour quelques minutes réconfortantes.

Je viens à elle, traversant la foule, comme un rocher fendrait la houle. Je crois qu'elle m'attendait.
Et je suis là, assis prêt d'elle, silencieusement, comme toujours, comme une évidence.
La langue du cœur est universelle.
Elle passe sa main sur moi, comme si elle me connaissait de longue date, comme un ami perdu qu'elle aurait retrouvé. Une caresse pour s'assurer de ma réalité. 
Ce n'est pas moi qu'elle attendait, je le sais bien maintenant.
Les vagues roulent dans ses yeux, je reste là, à ses côtés.
Nous ne sommes plus seuls.
Pour quelques instants encore.



Et sur une plage du Pacifique, un étrange couple se forma.
Une jeune fille et un animal famélique, qui par hasard, passait par là. Ils restèrent là côte à côte, leur regard plongé dans l'horizon, connivence silencieuse et magique que nul n'expliquera .